Je venais d’emménager, au Bessat, près de Saint-Étienne où j’avais acheté une maison abandonnée depuis près de 50 ans. Un soir, alors que j’allais me promener, je m’arrêtai dans un petit bar restaurant et le tavernier me conta l’histoire de l’ancien propriétaire. La voici :
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C’était un homme, 54 ans, cheveux blancs, grosse barbe, seul et fou ; rejeté en raison de ses antécédents de meurtriers où il fut relâché pour manque de preuves, 6 jeunes femmes tuées par ce monstre qui a habité ma maison et qui sortait tous les soirs ivres du bar du village.
Comme tous les soirs, il rentra chez lui et s’endormit. Il fit un rêve étrange, une silhouette confuse qui lui répétait : « Tu paieras pour ce que tu as fait et le diable t’emportera » et un cri affreux retentissait. Cette phrase était celle de la mère de sa première victime. D’un coup, il se réveilla les mains crispées, la respiration coupée, trempé de sueur avec une boule au ventre, une frayeur qui le rongeait de l’intérieur.
Mais ce soir là, rien ne se passa comme prévu. Endormi, il se réveilla les yeux rouges luisants, assoiffé de désir. Il sortit chercher sa proie dans la nuit sombre et glaciale errant dans la pénombre des rues, tel un loup. Le plus étonnant, c’est qu’il ne se souvenait pas de ce qui c’était passé cette nuit. Alors évidemment quand il se réveilla dans l’église du village, il se persuada de l’absurdité d’une telle idée. Comment pouvait-il être dans l’église ? Il s’aperçut alors qu’il ne se souvenait plus de ce qui c’était passé après son sixième verre. Stupéfié, angoissé et confus, il rentra se cloitrer chez lui. Etais-ce l’effet de l’alcool ? Avait-il perdu la raison ? Il se disait que ce n’était rien qu’une illusion. Le soir même, il décida quand même d’aller au bar et par précaution ne but que 4 verres. Cela ne fut pas suffisant.
Il se réveilla une nuit de pleine lune, la mémoire perdue, sur la tombe de Louise Durand, sa première victime. Il doutait de lui même. Il crut entendre un craquement de feuilles comme si quelqu’un marchait à proximité. Il se retourna … rien … le craquement inexplicable retentit encore, il voulut crier : « Qui est là ? » mais il n’avait plus de voix. Horrifié, il s’enfuit avec la sensation d’être oppressé par cet être ou ce phénomène mystérieux. Ce soir là, on aurait pu se croire dans un film d’horreur.
Malgré cette expérience étrange, il retourna au bar et prit 3 verres. Ces 3 verres eurent leur effet. Il se réveilla chez lui et se souvenait d’être rentré. Heureux et alla prendre une douche. Il ouvrit la porte et là, on eût dit une chambre noire pleine de photos d’une jeune femme, grande, blonde à la peau mate. Elle semblait ne pas être au courant qu’elle était prise en photo. La ressemblance avec Louise Durand était frappante !
Pendant son sommeil, il se retourna, sentit quelque chose au dessus de lui. Il regarda, c’était une latte de sommier ! Oui, oui, une latte. Où était-il ? Sous un lit ? Il sortit mais avant il vit une inscription. « Je suis de retour !». Effrayé, il rampa hors de dessous du lit. Mais bon sang où était-il ? Dans une chambre de fille, la fille des photos de la salle de bain qu’il avait brûlées jusqu'à la dernière. Comment avait-il atterri ici ? Qu’avait-il fait auparavant ? De peur qu’on le surprenne, il sortit discrètement de la maison. Si quelqu’un l’avait vu, que pourrait-il dire ? Que se passerait-il ensuite ?
3 jours plus tard, on le retrouva mort chez lui, gisant dans une flaque de sang, un couteau où seules les empreintes de l’homme étaient présentes, une lettre d’excuse mal écrite pour les meurtres qu’il avait commis. Sur le miroir, une inscription «L’heure de la vengeance a sonné».
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Quand il eut fini de me raconté l’histoire, je fus submergé ! J’en avais la chaire de poule. Je demandai au barman comment pouvait-on en arrivé là, il me répondit sans la moindre hésitation qu’on n’aurait jamais du relâché ce monstre et que la peine de mort serait méritée. Des enquêtes furent menées sans résultat. Cette histoire fut la plus étrange de toutes les histoires du coin. Que s’était-il véritablement passé ? S’était-il suicidé ? Était-ce le diable ? Était-ce une vengeance ? Nous ne le saurons jamais.